Utiliser un four à double usage
Rav Loria |
03 novembre, 2019 |
Sainteté |
Lois concernant l’utilisation d’un four à double usage
1- Explication de l’interdit
Il est interdit d’utiliser un four pour y cuire des produits lactés et
carnés en même temps1. En effet, bien que les deux aliments ne
soient pas en contact direct, il est à craindre que la forte chaleur du
four n’entraîne l’éclaboussement d’un plat vers l’autre et le mélange
des vapeurs. Aussi, sur le plafond du four s’effectue un mélange de
viande et de lait sous l’effet de la vapeur et des résidus qui y
adhérent.
Si, par inadvertance, une cuisson au four a été effectuée avec des
aliments liquides disposés à proximité l’un de l’autre, le tout sera
interdit. Il faudra tout jeter car il s’agit d’un doute portant sur une
interdiction de la Torah.
Mais, si les aliments étaient déposés dans deux ustensiles distincts2 et
étaient suffisamment éloignés l’un de l’autre de façon à ne craindre
ni éclaboussement ni écoulement d’un mets vers l’autre, mais
seulement un mélange des vapeurs, le tout sera toléré a posteriori.
Toutefois, le Ramah le permet seulement en cas de perte financière
importante3. Néanmoins, si l’un des récipients était soigneusement
fermé4, ou si les aliments découverts étaient parfaitement secs5, il est
permis de les cuire ensemble.
2- Conditions de la permission
Toutefois, il est possible d’utiliser un même four à double usage
consécutivement. Il faudra pour cela remplir nombre de conditions.
En effet, il est à craindre que lorsque le premier aliment atteint une
forte température, de la vapeur porteuse d’une partie infime de
l’aliment se dégage, et que ces résidus alimentaires atteignent le
plafond du four6. Il est donc à craindre que ces résidus ainsi que les
graisses qui adhérent aux parois du four ne se communiquent au
prochain aliment.
Il faudra ainsi remplir les conditions suivantes :
Nettoyer parfaitement le four afin d’en retirer toute substance
susceptible d’y adhérer7. Il conviendra d’utiliser pour cela un
détergent de type « nettoie-four » afin de brûler toute graisse et
résidus. Toutefois, il semblerait qu’après un premier nettoyage
approfondi, il suffise de le nettoyer régulièrement après chaque
utilisation afin d’entretenir une propreté quotidienne. Alors, il ne
sera pas nécessaire d’utiliser un produit décapant ; tout produit
détergent fera l’affaire.
Il ne faudra pas faire utilisation du four pour un mets de
nature différente au cours des vingt-quatre heures qui suivent la
cuisson du premier aliment. En effet, les parois sont imbibées du
goût du dernier aliment cuit dans le four. Il est donc à craindre que le
goût encore frais ne se communique au prochain plat. Ainsi, sera-t-il
nécessaire de marquer une séparation de vingt-quatre heures entre
les deux cuissons afin de dénaturer le goût imbibé dans les parois8.
Par exemple, on ne cuira pas d’aliment lacté dans un four après y
avoir grillé de la viande dans les vingt-quatre heures suivantes car le
goût carné imprégné dans les parois est encore frais.
Il convient de préchauffer le four à température maximale
durant une période d’au moins vingt minutes avant d’y introduire le
prochain aliment, afin de brûler tous résidus et graisses éventuels9.
Il est absolument nécessaire de réserver un plateau à chaque
usage10.
Si les deux plats sont « solides » (gâteaux ou lasagnes) il y a lieu de se
montrer plus indulgent, car la vapeur et les résidus qui s’en dégagent
sont moindres : ceux qui voudraient se montrer plus indulgents et ne
pas patienter vingt-quatre heures entre les deux cuissons auront sur
qui s’appuyer11. Mais s’ils sont liquides (soupe ou poulet dont
s’échappent des graisses et de l’huile) l’avis général est plus
rigoureux à cause de la vapeur qui s’en dégage : il faudra donc
absolument remplir les quatre conditions précédemment citées.
_______________________________________________________________
1 Ramah, chapitre 108, paragraphe 1. Selon les normes du Choul’han ‘Aroukh, les fours de
notre époque sont considérés comme de petits fours. Kaf Ha’haïm, paragraphes 11 et 12.
2 Choul’han ‘Aroukh, chapitre 108, paragraphe 2.
3 Ramah, chapitre 108, paragraphe 2 ; Chakh, paragraphe 18 ; Kaf Ha’haïm, paragraphes 49
et 50.
4 Choul’han ‘Aroukh, chapitre 108, paragraphe 1.
5 Taz, paragraphe 18 ; Chakh, paragraphe 1 ; Kaf Ha’haïm, paragraphes 1 et 2. Il statue que
le pain est considéré comme un aliment sec selon l'ensemble des décisionnaires.
6 Il est possible de constater un phénomène similaire lorsque nous cuisons un aliment coloré
dans une casserole : la paroi interne de son couvercle se remplit de gouttelettes porteuses de
minimes particules de l’aliment.
7 Min’hat Its’hak, tome 5, chapitre 20, paragraphe 16.
8 Iguerot Moché, Yoré Dé’ah, tome 1, fin de chapitre 59 ; Yabi’a Omer, tome 5, Yoré
Dé’ah, chapitre 7 ; Min’hat Its’hak, tome 5, chapitre 20, paragraphe 16.
9 Le Min’hat Its’hak, tome 5, chapitre 20, paragraphe 14, permet même a priori de faire une
utilisation consécutive à double usage, s’il s’agit d’un four dont la source de chaleur est
interne, avec un préchauffage du four à température maximale.
10 Ibid.
11 De plus, le Chout HaRachba, tome 1, chapitre 77 statue que dans un four en fer, le goût
d'un aliment ne s'imprègne jamais dans les parois, à moins qu'il n'ait été cuit sur les parois
mêmes du four.
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