Nouer un double nœud ou un nœud coulissant le Chabbat

Rav Loria

28 juillet, 2019

Sainteté

Nouer un double noeud ou un noeud coulissant le Chabbat


 Double noeud
Il est défendu de lier un double nœud car il est à craindre qu’il soit considéré comme un noeud d’artisan. (Le nœud qu’il est courant de faire sur les chaussures n’est pas inclus dans cette catégorie de nœuds, du fait qu’il est constitué d’une boucle appliquée sur un nœud). Ainsi, tout noeud qui est solide peut être considéré comme un noeud d’artisan : il est donc défendu de faire un noeud « solide » même s’il a l’intention de le détacher dans un bref délai.
 
Il est de même défendu de nouer un noeud unique à l’extrémité d’un fil, du fait qu’il est relativement résistant : il a le même statut qu’un double noeud1.
 
Ces mesures de rigueur s’appliquent seulement selon le Ramah2, mais selon le Choul’han ‘Aroukh, il y a lieu de permettre d’attacher un double noeud s’il a l’intention de le délier le jour même3. De plus, même selon le Ramah il est permis de dénouer un tel noeud en cas de besoin absolu (douleur, souffrance, etc…), car nos  sages n’ont pas décrété d’interdit dans de telles circonstances.
 
 Noeud coulissant
Un noeud coulissant (qui correspond à une boucle qui n’est pas accompagnée d’un nœud), n’est pas considéré comme un noeud prohibé : il est donc permis de faire un noeud coulissant (ou un double noeud coulissant) au cours du Chabbat même si celui-ci est permanent[4]. Toutefois, il est défendu de l’accompagner d’un véritable noeud (comme il est courant de le faire pour un noeud de chaussure) car il est considéré comme un noeud défendu s’il est
permanent[5]. En revanche, s’il a l’intention de le délier le jour même il est permis de l’attacher[6]. C’est pourquoi, il est permis de nouer ses chaussures à l’aide d’un nœud sur lequel on pratique une boucle, si on a l’intention de délier le nœud dans les vingt quatre heures.
 
Lorsque l’on ferme le Sefer Torah, après sa lecture,  il faudra prendre soin de ne pas faire de noeud à la suite du noeud coulissant. Il faudra insérer l’extrémité des fils dans la ceinture qui entoure le Sefer Torah7]. Certains permettent de lier un tel noeud si on a l’intention de lire dans ce Sefer Torah le lundi ou le jeudi du fait qu’il est destiné à être détaché au cours des sept jours et qu’il s’agisse d’une Mitsva5. Aussi, la coutume est de permettre de délier un tel noeud pour permettre la lecture de la Torah le Chabbat.
 
Si l’on désire porter une cravate, il est permis d’attacher un noeud coulissant pendant Chabbat, s’il a l’intention de le dénouer dans les vingt quatre heures. Mais si on noue la cravate à l’aide d’un véritable noeud, il faudra effectuer le noeud de cravate avant Chabbat, et il sera permis de l’ajuster au cours du Chabbat[8].
Si, par inadvertance, un noeud coulissant s’est transformé en un nœud permanent, il est permis de le considérer comme un noeud provisoire : il est permis de le dénouer au cours du Chabbat[9].
 
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1Ramah, chapitre 317, paragraphe 1 ; Michna Beroura, paragraphe 14. Le Kaf Ha'haïm, paragraphe 22, au nom du Lévouche souligne que, s’il s’agit d’un double noeud qui est totalement lâche, il n’est pas considéré comme un noeud solide.
  1. Telle est l’opinion du Graz, paragraphe 2 ; Ben Ich 'Haï, parachat Ki-Tissa, paragraphes 2 et 4 ; Rav Pé’alim, tome 2, chapitre 44 ; Kaf Ha'haïm, paragraphes 23 et 24. Le 'Hazon Ich, chapitre 52, paragraphe 17, témoigne que la coutume est de se montrer rigoureux, mais ceci représente seulement une mesure de rigueur.
  2. Birkei Yossef, début de chapitre 317, mentionné dans Cha’arei Techouva ; ‘Aroukh Hachoul’han,  paragraphe 10 ; Or Létsion, tome 2, page  226 ; Halikhot ‘Olam, tome 4, page 228. 
[4] Choul’han ‘Aroukh, chapitre 317, paragraphe 5 ; Michna Beroura, 29 ; Biour Halakha, parole «’Aniva ».
[5] Ainsi, il est défendu de lacer ses chaussures pendant Chabbat si on a l’intention de les retirer sans dénouer les lacets, car ceci serait considéré comme un noeud permanent.
[6 Michna Beroura, paragraphe 29 ; Kaf Ha'haïm, paragraphes 12 et 24. Mais le ‘Hida le permet jusqu’à sept jours. Telle est l’opinion du Choel Vénichal et du Hagaot Ich Matslia’h sur le Michna Beroura, paragraphe 29.
[7] Min'hat Chabbat, chapitre 80, paragraphe 155 ; Min’hat Its’hak, tome 8, chapitre 19. 5 Halikhot Chlomo, chapitre 317, paragraphe 12 ; Rav Chlomo Zalman Auerbach zatsal mentionné dans Chemirat Chabbat Kéhilkhata, chapitre 15, remarque 178 ; Tsits Eliezer, tome 7, chapitre 29. Le Ktsot Hachoul’han, chapitre 123, paragraphe 9, témoigne que la coutume est de se montrer indulgent.
[8] Chemirat Chabbat Kéhilkhata, chapitre 15, paragraphe 58, au nom du Rav Chlomo Zalman Auerbach zatsal ; Yalkout Yossef, tome 4, page 564. Le Or Létsion, tome 2, page  315, permet de nouer une cravate pour une période de vingt quatre heures, mais ne précise pas quel noeud est permis. Le Ménou'hat Ahava, tome 3, page 38, permet de faire un nœud de cravate seulement pour ceux qui dénouent la cravate, mais pour ceux qui ne retirent pas le nœud de la cravate jusqu’à ce qu’il s’abîme, ce sera défendu.
9] Michna Beroura, paragraphe 23 ; Kaf Ha'haïm, paragraphe 28 ; Min'hat Chlomo, chapitre 80, paragraphe 154

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