Le whisky du non juif
Rav Loria |
05 juin, 2019 |
Sainteté |
Le whisky
Le whisky étant composé de céréales (houblon, malt, etc…) il reste
permis à la consommation s’il a été touché (ou même fabriqué) par
un non-Juif (car seul le vin est interdit au contact du non-Juif). Lors
du processus de fermentation, il doit reposer pendant une période
moyenne de sept ans dans des fûts en bois de chêne. Certains
producteurs ont pour usage d'utiliser de vieux tonneaux ayant servi
au stockage du vin pendant de longues années1.
Ces tonneaux étant assez onéreux, ils sont souvent remplacés
aujourd’hui par des tonneaux neufs remplis de vin et chauffés à
haute température afin d'accélérer l'absorption du vin dans les parois
du tonneau. Ils sont ainsi « vieillis » industriellement par un
processus chimique. C'est dans ces tonneaux imprégnés de vin que,
pendant de nombreuses années, le whisky reposera afin d'acquérir
toute sa saveur et sa qualité.
La couleur et la saveur du whisky dépendent de la qualité du vin qui
a imprégné les parois du tonneau. La clarté du whisky dépendra
aussi de la nature du raisin.
Certains producteurs ajoutent aussi une quantité minime de vin à la
composition du whisky ; cette quantité étant inférieure à 2,5 %, ils ne
sont pas tenus d'en informer le consommateur et de le mentionner
dans la composition.
Un tel whisky sera totalement prohibé selon Maran, qui interdit de
tirer profit du vin entré en contact avec un non-Juif. Ce vin ayant
pour but d'améliorer le goût du whisky, il sera interdit même en
moindre proportion2.
Certains autres décisionnaires statuent, selon l'opinion du Ramah,
que le whisky est toléré3. En effet, nombre de connaisseurs affirment
que le vin a pour but de contrer l'effet néfaste que certains enzymes,
présents dans le bois des tonneaux, sont susceptibles d'engendrer.
Mais d’autres déclarent que le vin y est souvent remplacé par de la
glycérine.
Néanmoins, certains professionnels soutiennent que le goût du vin
est perceptible dans le whisky. Il convient donc de s'en abstenir
jusqu'à avoir éclairci le processus exact de sa fabrication4.
L'ensemble des décisionnaires préconise de s'abstenir de consommer
ce whisky s'il subsiste un doute quant à la présence de vin parmi ses
ingrédients. Certains whisky de France et des Etats-Unis (le Bourbon)
sont généralement mélangés à du vin. L’usage est donc de s'en
abstenir bien que leur teneur en vin soit minime5.
Bien que le whisky d'Ecosse et d'Angleterre distillé et mis en
bouteille dans son pays d'origine, soit traditionnellement toléré4, il
semble difficile de permettre la totalité des marques de whisky qui
proviennent de ces régions sans vérifier chaque produit
spécifiquement.
1 Ceci est signalé sur certaines bouteilles de whisky par la mention : « Sherry Casks » ou
« Port Madeira/ Casks ».
2 Ce qui est enseigné dans le Choul’han ‘Aroukh, chapitre 134, paragraphe 5, concerne du
vin versé par inadvertance dans de l'eau qui ne sera permise que si la quantité de vin ne
dépasse pas un sixième. Toutefois au paragraphe 13, Maran interdit toute boisson dans
laquelle il est pour usage de mélanger du vin de non-Juif. Le Rav Pé’alim, tome 1, chapitre
25, affirme que si le vin y est déposé intentionnellement, il ne sera pas annulable même par
la loi du soixantième. Tel est l’avis du Chakh à l’encontre du Taz au chapitre 134,
paragraphe 4. Kaf Ha’haïm, chapitre 114, paragraphe 24. Ainsi le Ben Israël La'amim,
chapitre 18, paragraphe 66, préconise de s'en abstenir a priori.
3Iguerot Moché, Yoré Dé’ah, tome 1, chapitre 62 ; Michné Halakhot, tome 10, paragraphe
108 ; Min’hat Chmouel, tome 3, Yoré Dé’ah, chapitre 2.
4 Min'hat Its'hak, tome 2, paragraphe 28.
5 Si la mention : « Special Finish », « Double Maturation », « Double Wood », ou
« Matured in two wood » apparaît sur la bouteille de whisky, cela signifie qu’il a été déposé
dans des fûts de bois imbibés de vin en fin du processus de fermentation avec l’intention
explicite de lui transmettre un goût de vin : il faudra éviter d’acheter un tel whisky.
4Ainsi, les marques « J&B », « Chivas », « Ballantine’s », « Jack Daniel’s » sont
traditionnellement tolérées. Il en est de même pour « Johnnie Walker » portant une étiquette
rouge, verte ou or, alors que nombre de doutes sont émis sur les bouteilles portant des
étiquettes bleues, ainsi que celles portant la mention « pure malt ». (Ces informations nous
ont été transmises gracieusement par Rav Zemelman du Rabbinat de Jérusalem). Selon
certains, l’enzyme de fermentation du whisky de marque « Chivas » appartient à un Juif
non religieux. Dans ce cas, il est interdit de l’utiliser car il s’agit de levain qui a passé
Pessa’h, c'est-à-dire qui est resté en possession d’un Juif sans avoir été dûment vendu à un
non-Juif avant Pessa’h. Mais Rav Bronstein nous a affirmé que ce Juif a vendu toutes ses
parts de l’entreprise. Néanmoins, Rav Ya’akov Yossef chlita nous a répondu au nom d’un
grand connaisseur, que le goût du vin est perceptible dans les marques de whisky
onéreuses, il convient donc de s’en abstenir. De plus, à notre époque il existe en Angleterre
quatre marques de whisky sous surveillance rabbinique. Enfin, Rabbi Yé’hiel Abou’hatsera
chlita, nous répondit que ces marques de whisky ornaient la table de grands Rabbanim ;
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