La gravité de consommer des insectes

Rav Loria

18 mai, 2019

Sainteté

Lois des insectes
 Gravité de l’interdiction

Consommer des insectes constitue la violation d’une grave
interdiction de la Torah ainsi qu’il est écrit : « Et toutes vermines qui se
déplacent sur la terre vous seront défendues à la consommation, elles vous
seront dégoût et répugnance. Ne souillez pas votre âme par toute vermine et
ne vous rendez pas impurs de crainte de vous obstruer. Je suis l’Eternel
votre D-ieu, il vous incombe donc de vous sanctifier afin de devenir saints
car Je suis moi-même Saint, et vous ne rendrez pas votre âme impure par
tout insecte qui se déplace sur la terre »1.

Le Talmud apprend de ce verset que la faute est capable d’obstruer
et d’obturer le coeur du pécheur.
Nos sages nous enseignent que la gravité de cette interdiction est
telle que celui qui consommerait un insecte marin serait passible de
la peine de flagellation à quatre reprises, un insecte de la terre à cinq
reprises, et un insecte volant à six reprises2.
De plus l’interdiction est telle que même si un Juif consomme des
insectes par inadvertance son âme en serait souillée. En effet, après
avoir été consommés et digérés, les aliments font partie intégrante du
corps de l’homme, il convient donc de faire preuve d’une vigilance
particulière afin de ne pas rendre son propre corps impur3.
Enfin, cet interdit se caractérise par le fait que la nature humaine
n’étant pas attirée par une telle tentation, sa transgression serait
causée uniquement par un manque de vigilance. Il suffit donc de
vérifier l’aliment avec minutie et précaution avant de le consommer
pour éviter de commettre cette faute.
Il est enseigné par l’un des plus illustres maîtres de morale, Rabbi
Eliezer Papo, de mémoire bénie, dans son oeuvre Pélé Yoéts : il
incombe à tout un chacun de procéder à la vérification de chaque
aliment susceptible de contenir des insectes. En effet, les oeuvres de
nos sages sont emplies d‘avertissements impérieux à ce propos. De
plus, toute personne qui porte le noble qualificatif d’enfant d’Israël
ne pourrait jamais consommer de viande impure même sous la
contrainte et ne serait pas prête à transgresser une telle interdiction
pour tout l’or du monde. Elle consentirait même à sacrifier sa vie
pour ne pas enfreindre cet interdit. Toutefois après réflexion, on
constate que l’interdiction de consommer la viande d’animaux
impurs ne relève que d’une interdiction unique de la Torah.
Cependant, la consommation d’insectes est susceptible de comporter
jusqu’à six interdits de la Torah. Ainsi, quiconque se nourrit sans une
minutieuse vérification des aliments peut consommer des centaines
d’insectes et transgresser d’innombrables interdictions de la Torah
par simple manque de vigilance.
On se fera un devoir sacré d’en informer le peuple, car le peuple juif
désire se préserver de la faute et se sanctifier, mais c’est par simple
mégarde qu’il commet des fautes, que l’Eternel veuille bien leur
pardonner4.

Le Pélé Yoets ajoute : tout individu doit avertir les membres de sa
famille sur l’importance d’une minutieuse vérification de tout
aliment susceptible de comporter des insectes. Aussi, on fera preuve
d’une vigilance accrue en été du fait que des moucherons sont
susceptibles de tomber dans les aliments sans qu’on y prenne garde5.
Le Talmud enseigne à ce propos que le corps des non-Juifs est impur
parce qu’ils consomment de la vermine et des insectes6.
Enfin, s’il nous est difficile de comprendre pourquoi deux enfants du
même âge n’ayant pas encore fauté ne montrent pas le même
enthousiasme dans l’accomplissement des ordonnances divines, il
faut savoir que, dans de nombreux cas, cela est dû à la vigilance des
parents ou de lui-même face à la consommation d’aliments interdits.
Ainsi, on raconte que le mécréant Elicha Ben Abouia est tombé dans
une telle décadence parce que sa mère enceinte est passée devant un
temple idolâtre et, attirée par l’odeur qui s’en dégageait, a goûté un
des aliments prohibés7.
Il est par ailleurs enseigné, à propos de Moché, que lorsqu’il était
encore un nourrisson et fut adopté par Batya, la fille de Pharaon, il
refusa de téter jusqu’à que le lait d’une nourrice juive lui soit
proposé.
Aussi, nos sages enseignent qu’une bonne action en engendre une
autre, et inversement, un mauvais acte entraîne à mal agir de
nouveau8 . Ainsi, une personne qui consommerait un aliment
interdit même par inadvertance serait inconsciemment attirée vers le
mal.

Le Or Ha’haïm enseigne que la raison pour laquelle nous constatons
une prolifération des différentes sortes d’insectes, s’explique par la
décadence de notre génération. En effet, la multiplication des fautes
de notre époque provoque une pollution spirituelle de l’atmosphère
capable d‘avoir une incidence jusque sur la nature9.
De plus, il enseigne au nom du Ari zal que si une personne est sujette
aux sautes d’humeur et est attirée vers des mauvaises actions, ceci est
souvent dû à la consommation d’aliments prohibés10.
Ceci pourrait expliquer comment le Peuple Juif a conservé sa pureté
d’esprit tout au long de l’exil, alors qu’il était souvent entouré de
peuples immoraux et assoiffés de sang11.

1 Vayikra, chapitre 11, versets 41-44.
2 Macot 16b.
3 Ibn Ezra sur Vayikra, chapitre 11, verset 43. Le Pélé Yoets dans la rubrique « Klalot »,
paragraphe 11, affirme que le corps de celui qui commet cette faute devient une véritable
« entité prohibée ».
4 Pélé Yoets dans la rubrique « Bdika».
5 Pélé Yoets dans la rubrique « Bdika».
6 Chabbat 145b.
7 Tossefot dans ‘Hagiga 15a.
8 Maximes des Pères, chapitre 4, paragraphe 2 ; Avot DéRabbi Nathan, chapitre 25,
paragraphe 4.
Or Ha’haïm, Chemot, chapitre 16, verset 20, et Vayikra, chapitre 11, verset 43.
10 A’harei Mot, chapitre 18, verset 3.
11 Bdikat Hamazon Kahalakha, page 33, remarque 6.

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